De Napoléon Bonaparte à nos jours

De Napoléon Bonaparte à nos jours

Cadastre napoléonien – Archives départementales

En consultant le cadastre napoléonien disponible en ligne sur le site du Conseil Général on est frappé par la multitude de parcelles qui existaient à l’époque sur la commune de Cravans. Des villages comme La Nouette,  La Duchée et Chez Berlezeau sont de nos jours disparus. La Bénigousse suivait dans le bourg le même tracé qu’aujourd’hui et on y voit pas trace d’un lit différent. De nombreux moulins à vent et à eau étaient alors en activité. La Seudre portait aussi le nom de Canal de Chaucroux  non loin duquel figure vers La Guignarderie une énigmatique « Redoute ».

Consulter le cadastre napoléonien

(Clic droit et zoom + pour une meilleure lisibilité) 

 

 

« Les demi-mesures font toujours perdre du temps et de l’argent. Le seul moyen de sortir d’embarras est de faire procéder sur le champ au dénombrement général des terres, dans toutes les communes de l’Empire, avec arpentage et évaluation de chaque parcelle de propriété. Un bon cadastre parcellaire sera le complément de mon code, en ce qui concerne la possession du sol. Il faut que les plans soient assez exacts et assez développés pour servir à fixer les limites de propriété et empêcher les procès. »

Napoléon 1er

 

 

 

 

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Autrefois on fabriquait des tuiles et des briques à Cravans

Plusieurs lieux-dits  « Les Vieux Fours », « Les Tuileries »… nous rappellent qu’au sud-ouest de la commune de Cravans il y avait une activité de fabrication de tuiles et de briques. En témoignent les nombreux trous d’extraction de la glaise dans les bois et les résurgences après les labours des terrains  consacrés à cette activité, ainsi que les nombreuses briques utilisées pour l’habitat ou abandonnées dans les anciennes maisons de Cravans. Sur ces briques figurent des inscriptions : Tuilerie de Cravans, SD, SAUVIGNON.

La famille SAUVIGNON était fabricant de père en fils. Le père Eugène, habitant La Goronnerie, décédé à Cravans le 12 avril 1902, son fils Léopold marié avec Suzanne DURAND (initiales SD) habitait  La Mercerie (Rue des Géraniums, actuellement maison Brunet) décédé le 12 février 1920.

Enfin, prenant le chemin de l’école à pieds dans les années 60, nous apercevions du côté de Jorignac la fumée du four sortant de la haute cheminée de la briqueterie où cuisaient les derniers matériaux destinés à la construction.

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La culture et l’exploitation du chanvre sur la commune de Cravans
 
EXTRAIT DU JOURNAL DE L’ECOLE : « TOUS ENSEMBLE » 
 
Jusque vers 1890, on cultivait et on travaillait le chanvre à Cravans.
 
Cette plante exigeant une terre basse, marécageuse, on la cultivait toujours auprès des ruisseaux. On en trouvait à la Goronnerie, aux Brousses, à la Guignarderie, chez Birot. Toutes les familles ayant un terrain convenable en avaient un champ.
Des artisans de Cravans le travaillaient : le dernier, installé aux Brousses s’appelait Trottin.
Le chanvre se semait au début du printemps sur planche. Il se développait sans aucun binage et montait jusqu’à un mètre cinquante. La récolte se faisait en deux fois, fin septembre. D’abord celui qui ne portait pas de graine appelé « mâle », ensuite celui qui portait la graine appelé « femelle ».on en faisait des bottes. Les bottes porteuses de graines étaient enfouies dans la terre, la tête la première, les grains dans la terre, pour permettre à l’enveloppe de se décortiquer plus aisément (égrenage). Puis on mettait les bottes dans une eau stagnante, pendant quinze à vingt jours (rouissage).
Une fois sorties de l’eau, on les lavait, on les partageait en bottes plus petites qu’on mettait à sécher debout pendant huit à dix jours. On les passait alors au « mâchour » qui, broyant lres tiges, séparait la filasse des « aigrettes » (bois qui se trouve au cœur de la tige du chanvre). On se servait des « aigrettes » pour faire du feu.
On donnait ensuite la filasse à un ouvrier « cordier » à Cravans. Celui-ci la peignait avec un peigne à chanvre ayant des dents en fer. Il la filait et renvoyait le fil au client. Lessivé, le fil de chanvre était porté à un tisserand, Monsieur Morineau, qui habitait à Thaims.
 
D’après Jacques ALLAIN (1958 ?)

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CHASSE D’EAU ET POLLUTION

(Claude GOULEYANT – Roger CHOTARD)

En 2019 on pourrait penser que le terme « pollution » est une invention récente. Vaste sujet il ne peut être que moderne nos anciens étant des gens propres donc non pollueurs.

Que nenni.

L’affaire ci-après racontée se déroule en 1870. Voyons les faits.

AFFAIRE V… C…

ATTENDUS DU JUGEMENT RENDU

L’an mil huit cent soixante dix et le quatre août.

A la requête du sieur Joseph V, meunier, demeurant et domicilié au chef-lieu de la commune de Cravans.

Je, Constantin (?) Lutaud huissier près les tribunaux de Saintes, demeurant à Gémozac soussigné.

Certifié avoir au sieur Romain C. propriétaire demeurant à Cravans.

Donné citation à comparaître samedi prochain six du courant, dix heures du matin, à l’audience et pardevant M. le juge de paix du canton de Gémozac en son prétoire à Gémozac pour !

Attendu que le requérant est propriétaire au chef-lieu de la commune de Cravans entre autres immeubles d’un moulin à eau faisant farine confrontant du couchant au cité? Attendu qu’entre le moulin dudit requérant et la propriété de C., se trouve le deversoir dépendant dudit moulin et qui est la propriété exclusive de V; qu’il y a quelques jours C. s’est permis de couper plusieurs pieds de sureau accrus sur les bords de ce déversoir et notamment dans la muraille même du pont formant aqueduc pour l’écoulement de l’eau.

Attendu en outre que le sieur C. a édifié auprès dudit déversoir des lieux d’aisance dont le contenu passant par une issue qu’il a pratiquée dans son mur, coule constamment dans le déversoir et empêche au requérant de se servir de l’eau qui s’y trouve.

Attendu que ces faits causent au requérant un préjudice dont il lui est dû réparation. (…) en conséquence, le dit C., dans les vingt quatre heures du jugement à intervenir, sera tenu de boucher hermétiquement l’issue par laquelle coulent ses lieux d’aisance, sinon et faute de ce faire, le requérant sera autorisé à le faire faire aux frais dudit C, évalués à vingt Francs.

S’entendre en outre condamner en cinquante Francs à titre de dommages intérêts pour le préjudice causé et aux dépens de l’instance, sous toutes réserves.

Dont acte coût : Neuf Francs 45 centimes.

Laissé copie des présentes pour ledit sieur C. à son domicile.

Signé : Lutaud

Source: Bulletin de la Société d’Histoire et d’Archéologie en Saintonge Romane