XVème et XVIème Siècles – Renaissance

XVème et XVIème Siècles – Renaissance
Extraits du livre : Au pays de Saintonge
 Par le Chanoine Paul-Marie TONNELIER
 
 
C’est vers 1535 que le protestantisme débuta dans nos régions de Saintonge, c’est à dire peu après le séjour de Calvin à Angoulème et ses environs.
C’est en 1546 que Bernard Palissy, à Saintes, se fait Huguenot, et dès la même année que, pour la première fois, le parlement de Bordeaux condamne à mort des protestants. La diffusion de l’hérésie protestante s’étendit de suite à Soubise, à Marennes, mais dans notre coin de Saintonge, les premiers foyers qui s’allumèrent paraissent être à Saint Seurin d’Uzet et à Rioux grâce à la prédication de Luchet qui convertit La Motte Fouqué à Saint Seurin et de  Beaumont à Rioux.
La religion protestante s’avérait dés son principe comme perturbatrice de l’ordre politique et social. Les violences et les pillages auxquels ils se livraient contre la religion catholique, ne se comptaient plus.
La noblesse du pays, dans sa plus grande partie, se ralliait à la religion nouvelle. A Saint Seurin d’Uzet c’étaient les La Motte Fouqué,à Rioux et à Cravans les de Beaumont.
A Cravans, le seigneur de Beaumont transformera un peu plus tard la chapelle de son château en temple protestant.
Nous sommes en 1562. déjà les deux partis religieux, le catholique et le protestant, luttaient à mains armées. Dès 1561, les protestants s’emparaient un peu partout des églises. Après une première phase de ce qu’on a appelé nos guerres de religion, un édit de pacification avait été concédé par Catherine de Médicis à l’Amiral de Coligny. Mais cet édit jugé aussi odieux par les catholiques qu’insuffisant par les huguenots fut suivi de peu par le Massacre de Vassy et la guerre recommença de plus belle.
En 1590, la noblesse d’Angoumois, Saintonge et Aunis, adressait une requête au Roi lui demandant modération pour le pauvre peuple, des taxes mises sur les provinces ruinées par la guerre. Malgré cela, l’année suivante (1591), une nouvelle levée était faite pour le paiement des gens de guerre tenant garnison au pays de Saintonge. Cette imposition pour les seuls mois de juillet, août, septembre s’élevait pour Saint André à 20 L 40 s, Cravans 21 L, Montpellier 16 L 13 s …
(Chap. Le protestantisme ( p.106))
 
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Au début du XVII ème siècle, Richelieu menait, on le sait, la lutte contre les Rochelais révoltés et soutenus bien entendu par les Anglais qui ne manquaient jamais une occasion depuis des siècles d’encourager et de soutenir les divisions françaises.
Nous nous trouvons alors en en plein milieu des troubles de la Fronde. Fin 1651, la place de Talmont avait comme seigneur le comte de Montausier, le futur précepteur du Dauphin. Une flotte espagnole y débarqua pour soutenir le Prince de Condé et les frondeurs. Elle s’empara de Pons, puis de Saintes, sous les ordres du Prince de Tarante. Mais au début de 1652 , le comte d’Harcourt tailla en pièces à la Chapelle Serizon près de la Jard entre Saintes et Pons, les troupes du prince de Tarente le 15 février. Le 26, sa cavalerie avec un peu d’infanterie s’était saisie et emparée de Mortagne, Cosnac, Saint Seurin, Gémozac, Rioux et autres lieux proches de la mer, pour empêcher la descente de quelques anglais qui devaient arriver pour secourir Saintes et Taillebourg qu’on se proposait grandement de vouloir assièger.
 
L’état de la province était pitoyable, nous dit le chroniqueur, choses lamentables à voyr et capables de tirer des larmes à qui que ce soyt, en ça vous le pauvre est misérable ! Voilà de cette province qui autrefois estoyt une des meilleures et plus resplendissantes et à présant réduite en un plus pitoyable estat que celuy de Champagne et de Picardie.
 
Cette même année un autre fléau s’abattait sur le pays, la peste, qu’on appela  la pourpre et qui fit un nombre considérable de victimes. A Thaims la mortalité fut effrayante.
 
Le même chroniqueur note à la date du mercredi après le 3 juillet 1652, le passage à Cravans de Monsieur de Richelieu :
 
Ce aujourd’huy mercredi, on a receu nouvelle que Monsieur de Richelieu avoyt passé à Cravans, et qu’il s’en allaoyt à Bourdeaux par ordre de Monsieur le Duc d’Orléans et de Monsieur le Prince, suivant la lettre que on a intercepté sur ce subjet, à cause que on lui a pris tous ses revenus de Bretagne pour l’entretiennement de l’armée navalle qu’on attend dans peu.
(Chap. Histoire générale de Saint-André (p.91) )
 
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A la fin du XVII ème siècle, nous savons que la vie était fort dure en général. Les impôts occasionnés par les guerres contribuaient en bonne partie à cette situation.
Dans le mémoire de l’intendant Bégon, la paroisse de Saint-André de Lidon est taxée à 2250 livres pour l’impôt de la taille.
Il est assez curieux de rapprocher le chiffre de la taxe  de Saint-André de celui des paroisses voisines : Rioux : 2650 ; Thaims : 2000 ; Meursac – Les Epeaux : 4000 ; Montpellier : 2150 ; Cozes : 1820 ; Cravans : 700 (il est spécifié que la paroisse souffre du passage des troupes) ; Gémozac : 2450 et Grézac : 2750.
 (Chap. Le foncier et les impôts (p.235) )
 
 
 
 
 
Ancienne carte de Cravans et sa région

C’est à l’initiative de Louis XV que sont levées les premières cartes du royaume de France. César François CASSINI est chargé de réaliser ce travail à l’échelle « d’une ligne pour cent toises » (1/86400). La carte concernant   Saintes et sa région a probablement été publiée en 1773.

 

Consulter la carte de Cassini concernant Cravans .